La matinée se termine radieuse, dans l’un des plus populaires quartiers d’Oran, Gambetta. De la terrasse de la maison familiale, Hasni regarde les femmes sur les toits environnants, pendre leur linge, goûtant avec délectation les rires féminins, les vagissements de bébés qui se répercutent de terrasse en terrasse. A sa vue, elles l’interpellent et le taquinent. Rafraîchi par leur bonne humeur, il sort de chez lui. A quelques mètres de là, Amal, le jeune gendarme déserteur le rattrape, lui demandant de ses nouvelles. Et soudain, lui faisant face, il brandit un pistolet automatique. Un coup de feu part, surprenant le regard de Hasni. Réajustant sa position, Amal pointe le crâne du chanteur et fait feu une seconde fois. Hasni s’affaisse sur l’asphalte. Le jeune tueur disparaît alors que des cris s’élèvent. Il meurt dans les bras de son petit frère, entouré d’une foule scandant un cri qui va peu à peu se répandre à travers tout Oran "ils ont tué Hasni!".

La vie du jeune prodige de la musique Raï s'arrête un jour de Septembre 1996; sa légende commence.

Vers la fin des années 80, le prince du Raï, Cheb Hasni, va incarner le nouveau visage de la musique, en Algérie. Au fil des ans, sa notoriété va peu à peu passer des mariages, de cabarets à des tournées à l’étranger. Au sein d’un pays clos, il apporte un souffle et un renouvellement qui aura des répercussions, au sein même des familles. Il invente un style musical qui sera définitivement adopté par toute la jeunesse algérienne et une majorité de femmes.

"Ils ont dit que j’étais mort!" raconte les deux dernières années de vie et le destin d’un peuple, juste à l’aurore de dix années de guerre civile.